Il n'est guère de discours sur le théâtre, aujourd'hui, qui n'en déplore la crise. Ce mot commode recouvre des constats disparates : depuis la désaffection du public jusqu'à l'incertitude des gens de théâtre sur l'avenir de leur art. Et chacun d'incriminer pêle-mêle la panne d'inspiration des auteurs dramatiques, la concurrence spectaculaire des images technologiques ou le prix élevé des fauteuils d'orchestre... C'est oublier que le théâtre vit de ses propre crises. Quand sa forme semble se perdre, c'est que comme Protée, il est en train d'en changer. théâtre d'acteurs, théâtre de textes, de metteurs en scène, de dramaturges : autant d'avatars aux XXe et XXIe siècles de son génie polymorphe. Nous assistons à une nouvelle mue, plus importante que toutes celles-là , puisqu'elle porte sur l'illusion théâtrale elle-même. Le Théâtre contemporain substitue le "décadrement " à la représentation, le jeu de la figuration aux prestiges de l'illusion ; et il invente un nouveau rapport avec le public, qu'il émancipe en le dé-fascinant. Ce numéro tente d'analyser ce grand mouvement. Il suit les lignes de fracture qui traversent le monde du théâtre. Il explore ses zones de conflits. il examine la façon dont sont reposées les questions de la mise en scène, de la dramaturgie, de la traduction. Il a en somme pour ambition de figurer ce champ de forces, cet Agôn, dans lequel le théâtre n'exite pas ; et de monter en quoi le théâtre ainsi redéfini reste, dans la cité, une présence nécessaire.
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