Cette réflexion sur l'antagonisme irréductible qui sépare l'Art et la Culture ne doit rien aux circonstances. Elle a accompagné tout ma vie, sauvé et forgée par les artistes. Elle ponctue mon œuvre depuis 1958 jusqu'à 2002. Je l'ai approfondie dans deux livres consacrés à des écrivains - Dotoïevski, Colette - et je choisis maintenant d'évoquer le théâtre car la scène, depuis ses origines, démontre les rapports ambigus qui se nouent entre les artistes, l'Etat et la politique. Si je retrace les parcours passionnés et mouvementés des grands créateurs que furent J. Copeau, C. Dullin ou L. Jouvet, puis J. Vilar ou J-L. Barrault, c'est que leurs destins et leurs choix épousent ceux du pays, jusque dans ses défaillances et ses erreurs. Je ne m'interdis pas la polémique.