Tout commence par le portrait de deux frères : l'un est un architecte visionnaire, l'autre son suiveur. Pourtant, ils ont besoin l'un de l'autre. Ils s'entraident et l'énergie ainsi déployée aboutit à la réalisation d'une nouvelle ville. C'est une réussite et l'argent coule à flots. A peine dix ans plus tard, l'architecte meurt laissant son frère unique héritier de l'empire. C'est alors que derrière l'énergie libérée apparaissent d'autres forces refoulées. Le frère aime la « femme» du défunt, l'a, semble-t-il, toujours aimée. Mais il ne peut plus l'aimer tant il a souffert des années vécues à l'ombre de son frère de génie. A la fin de la pièce une certitude : l'énergie autrefois féconde, est devenue destructrice : Femme et Frère, à nouveau dépendants l'un de l'autre, se livreront un combat sans merci. On sent chez Arne Lygre (né en 1968 à Bergen en Norvège) la présence des grands dramaturges Scandinaves. Ibsen, pendant cinq ans (1851 - 1856} directeur du Nouveau Théâtre de Bergen, fut maître dans la description de la dépendance des hommes et des femmes au regard des normes sociales et dans la représentation de leurs forces explosives. Qu'en est-il resté aujourd'hui ? Plus grand-chose, si ce n'est une avidité sans bornes ; avidité de l'argent, de la gloire et du pouvoir. Ce qui est frappant, c'est que le résultat revient au même. La capacité d'autodestruction pourrait-elle avoir donc d'autres sources que les normes sociales oppressantes et tant décriées ? En modernisant le contexte, en changeant le sujet le conflit récurrent de l'homme entre deux femmes chez Ibsen devient la femme entre deux hommes - Lygre place un nom sur le visage de notre époque.
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