Jelinek épluche ici les archétype. Blanche-Neige à la recherche de la vérité, est finalement tuée par le chasseur. La Belle au Bois Dormant est réveillée de son sommeil par le Prince qui, à défaut de la délivrer, ne lui offre qu'une existence soumise à ce "créateur" qu'il prétend être. Rosamunde doit reconnaître que le statut de la femme est incompatible avec l'écriture et que toute activité créatrice féminine est vouée à la mort. Jackie (Kennedy), assiégé par la mort de ses proches et prisonnière des images que les médias créent d'elle, ne peut désormais vivre qu'une existence illusoire. Ingeborg (Bachmann) et Sylvie (Plath) désespère de leur incapacité à faire bouger quoi que ce soit et se voient enfermées dans l'espace clos qui leur est destinée. Les princesses d'Elfriede Jelinek sont un pendant moderne et parodique aux rois shakespeariens, elles sont des mythes en déconstruction. Ce sont des anti-princesses, qui ne s'insurgent nullement contre le drame de leur vie et consentent au destin qui leur est imposé. L'humour de Jelinek se révèle non seulement dans la manière grotesque dont ces princesses énoncent les discours masculins, mais également à travers les distorsion d'expression toutes faites, le détournement de citations, les calembours et autres jeux langagiers.
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